Esprit Requien, portrait

13787430825325jpg_big
Esprit Requien naquit à Avignon le 6 mai 1788.
Issu d’une vieille famille de la bourgeoisie locale, il manifeste très tôt un goût marqué pour les sciences naturelles, en particulier la botanique.

Dès l’âge de 18 ans, il constitue un herbier qui acquiert rapidement une grande importance, 300.000 échantillons récoltés ou échangés. Cet esprit universel et curieux s’intéresse aussi à la géologie, la paléontologie et à la malacologie. Grâce à ses travaux et ses recherches, sa réputation s’étend à travers l’Europe. Il correspond avec les plus grands scientifiques de son temps et de nombreuses espèces nouvelles lui ont été dédiées. En 1842, Philippe Matheron, géologue marseillais attribue Chama ammonia à un nouveau genre de rudistes (groupe de mollusques lamellibranches caractéristiques du Jurassique et du Crétacé) qu’il nomme Requienia ammonia en son hommage.
Esprit Requien est auteur de nombreuses descriptions nouvelles notamment en botanique et en malacologie.
Ce naturaliste, en marge de ses activités scientifiques, est aussi correspondant du Ministère de l’Intérieur et Inspecteur des Monuments historiques en 1839. Grâce à l’appui de son ami Prosper Mérimée, il parvient à s’opposer à la destruction des remparts d’Avignon, aujourd’hui fleuron de la cité papale.
Il assure aussi quelques responsabilités politiques : conseiller municipal, administrateur des hospices et du Mont de piété, co-fondateur de la Caisse d’Épargne (l’une des toutes premières fondées en France), directeur du syndicat de la Durance.
Ses amitiés avec Franz Liszt, le duc de Luynes, Ampère, Horace Vernet, Castil-Blaze mettent en valeurs les qualités humaines et les goûts éclectiques de ce personnage modeste et attirant, aujourd’hui méconnu. Il décède le 30 mai 1851, à l’âge de 53 ans dans une chambre d’hôtel de Bonifacio. Son corps repose au cimetière saint Véran. Son tombeau porte comme épitaphe « Cor rectum inquirit scientiam » l’homme de bien cherche à découvrir la science.

Requien et la botanique

Esprit Requien s’est forgé une solide réputation dans le monde de la botanique. Il fréquente et correspond avec les meilleurs botanistes de son temps : le systématicien anglais Georges Bentham (1800-1884), Charles de Mirbel (1776-1854), directeur du Museum d’Histoire naturelle de Paris, Jean-Baptiste Balbis (1765-1831), médecin et directeur du jardin botanique de Turin, Jean-Louis Auguste Loiseleur Deslongchamps (1774-1849), médecin et auteur d’ouvrages de floristique et surtout Augustin Pyramus de Candolle (1778-1841), Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836), Adrien Henri de Jussieu (1797-1853). Alfred Moquin-Tandon (1841-1863), professeur de botanique à Toulouse, figurent aussi parmi ses relations. Une volumineuse correspondance (14.172 pièces), témoigne de cette activité.
Il a très largement contribué à faire connaître la flore du Midi de la France, du Vaucluse, notamment celle du Mont Ventoux. Il dessine en 1811 une planche intitulée : « Statistique des plantes du Mont Ventoux » qui établit l’étagement de la flore en fonction de l’altitude et de l’ensoleillement. Ce travail inédit sera publié par Charles Martins en 1838 dans son « Essai sur la topographie botanique du Mont Ventoux ». Il s’est également intéressé à la végétation de la Corse. Son ouvrage posthume « Catalogue des végétaux ligneux qui croissent naturellement en Corse » est publié en 1852, un an après sa disparition par son ami, le préfet de l’île, Rivaud de la Raffinière à qui il l’avait dédié. Une deuxième édition verra le jour en 1868 à Avignon. Outre cet ouvrage, Esprit Requien a publié de son vivant « Observations sur quelques plantes rares ou nouvelles de la flore française » (1825). Les autres publications figurent dans la seconde édition de l’ouvrage de J. Guérin « Description de la Fontaine de Vaucluse » daté de 1813.

Esprit Requien a décrit 26 espèces nouvelles dont huit sont toujours valides : Aegilops neclecta, Bellium nivale, Euphorbia corsica, Gallium canum, Gallium recurvum, Orobranche salisii, Polygonum scoparium, Utrica atrovirens.
Si les trouvailles botaniques faites en Corse sont dominantes, il faut noter que huit taxons décrits par Esprit Requien font partie de la flore continentale et que deux plantes qu’il a nommées proviennent de l’Est du Bassin méditerranéen (Grèce, Crète).

Esprit Requien : collectionneur

Outre la recherche de livres et documents historiques rares et précieux, Requien collectionne les autographes, les objets numismatiques, peintures et dessins. Ces ensembles fort intéressants, démontrent les passions diverses de cet homme cultivé. Le personnage est conscient de sa passion en écrivant « Ma vie entière, ayant été employée à faire des collections, pour lesquelles j’ai fait peut-être plus de dépenses que mon modeste patrimoine me le permettait, mon opinion a toujours été que c’était folie que de faire des collections pour les laisser vendre ou dilapider après soi… ».

Découvrir ce fond d'écran